NOTRE VRAIE DEMEURE Par AJAHN CHAH dans cet extrait, le Vénérable AJAHN CHAH, un moine Thaïlandais dont le système d'enseignement simple et direct a attiré à son Monastère de nombreux étudiants occidentaux s'adresse à un disciple vieillissant qui approche de la Mort. Sur un ton de profonde compassion, le maître rappelle les données de l'impermanence à la femme qui va mourir. Il poursuit en lui offrant des moyens concrets pour faire face à sa souffrance, d'abord un MANTRA, puis la pleine conscience de la respiration. Ici, l'usage du MANTRA n'a rien à voir avec quelque incantation magique. Il protège simplement l'esprit en lui offrant un mot aux connotations salutaires, comme alternative aux associations douloureuses qui pourraient assaillir un agonisant dans son lit. Au fur et à mesure que l'attention s'éloigne graduellement du flux mécanique et se rattache à ce fil salutaire, l'anxiété diminue et le Mourant retrouve assez de calme pour se concentrer sur le va-et-vient de sa respiration. La conscience du souffle est la plus fondamentale de toutes les techniques de méditation Bouddhique. Toutes les traditions la connaissent. Le mouvement incontrôlé du souffle vient de lui-même, comme une expression continue et naturelle de la simplicité de l'ici et maintenant. Le SANSKRIT utilise deux mots : DHARMA et SAMSKÂRA. Le sens le plus familier du mot DHARMA se retrouve dans le DHARMA du Bouddha. Là, il signifie quelque chose comme voie ou Loi. Mais les écritures Bouddhiques l'emploient fréquemment, comme ici, pour signifier phénomène ou Fait Tout ce qui devient l'objet de l'attention est un DHARMA Un SAMSKÂRA, au sens étroit, est un mouvement de l'esprit. Au sens large, il s'agit de n'importe quelle formation qui se produit et est déterminée par des conditions. Cela inclut à peu près tout ce qui advient. Le Bouddha rappelait continuellement à ses disciples << Tout ce qui est susceptible d'advenir est susceptible de disparaître >> . Maintenant, prépare ton esprit à écouter le DHARMA avec respect. Pendant que je parlerai, sois aussi attentive à mes paroles que si c'était le Seigneur Bouddha en personne qui était assis. Ferme les yeux, détends ton corps, et concentre ton esprit afin de le diriger vers un point unique. Permets humblement aux triples joyaux de sagesse, vérité et pureté de demeurer en ton cœur afin de montrer ton respect au pleinement EVEILLE. Aujourd'hui, je n'ai rien de matériel à t'offrir, seulement le DHARMA, l'enseignement du seigneur Bouddha. Écoute bien. Tu dois comprendre que même le Bouddha avec le trésor qu'il avait accumulé ne put échapper à la Mort physique. Quand il atteignit le grand âge, il abandonna son corps et délaissa ses lourdes charges. Maintenant, toi aussi dois apprendre à te contenter des nombreuses années pendant lesquelles tu était dépendante de ton corps. Tu dois sentir que cela suffit. Tu peux le comparer aux ustensiles que tu possèdes depuis longtemps, tes tasses, tes assiettes, plats, et autres. Au début, ils étaient propres et brillants, mais, maintenant que tu les as utilisés si longtemps, ils commencent à s'user. Certains sont brisés; d'autres ont disparu et ceux qui restent s'abîment, leur forme a changé et il est dans la nature qu'il en soit ainsi. De la même façon, ton corps n'a cessé de changer depuis le jour où tu es née, durant ton enfance, ta jeunesse et maintenant que tu a atteint un grand âge. Cela, tu dois l'accepter. Le Bouddha a dit que le conditionnement ( SAMSÂRA ), qu'il s'agisse des conditions internes, physiques ou externes, est le Non-Moi. Il est dans la nature de changer. Contemple la vérité jusqu'à ce que tu la voies clairement. Cet amas de chair qui est étendu là et qui s'abîme est SATYADHARMA, La Vérité. La Vérité de ce corps est SATYADHARMA, tel est l'enseignement immuable du BOUDDHA. Le Bouddha nous a appris à regarder le corps, à le contempler et à trouver un accommodement avec la nature. Nous devons être capable d'être en paix avec le corps en quelque état qu'il soit. PAGE N° 2 Le Bouddha nous a enseigné que nous devrions nous assurer que c'est seulement le corps qui est emprisonné et ne pas laisser l'esprit enfermé avec lui. Maintenant que ton corps commence à déchoir et à se dégrader avec l'âge, ne résiste pas à cela, mais ne laisse pas ton esprit se dégrader avec le corps, garde ton esprit en dehors. Renforce l'esprit en réalisant la vérité de la nature des choses. Le seigneur Bouddha nous a enseigné que c'est la nature du corps, étant né, de devenir vieux et malade puis de mourir, et qu'il ne peut en être autrement. C'est une grande Vérité que tu rencontres maintenant. Regarde le corps avec sagesse et comprends cela. Même si ta maison est inondée ou brûlée jusqu'aux fondations, quel que soit le danger qui la menace, il ne concerne que la maison. S'il y a une inondation, qu'elle ne noie pas ton esprit. S'il y a un incendie, ne laisse pas consumer ton cœur. Fait en sorte que ce soit seulement la maison qui t'est extérieure qui soit inondée et brûlée. Laisse l'esprit se libérer de ses attachements. Le Temps est Mûr. Il y a longtemps que tu es en vie. Tes yeux ont contemplé tant d'images et de couleurs; tes oreilles ont entendu tant de sons; tu as eu tant d'expériences. Mais c'est tout ce qu'il y avait : des expériences. Tu a mangé des nourritures délicieuses et tout leur bon goût était un bon goût - Rien de plus. Les saveurs désagréables étaient des saveurs désagréables - c'est Tout. Si tes yeux voient une belle image, c'est tout ce qu'il y a: juste une belle image. Une image laide n'est qu'une image laide. Les oreilles peuvent écouter des sons enchanteurs et mélodieux; et c'est tout ce qu'il y a. Un son grinçant ou déplaisant est simplement ce qu'il est. Le Bouddha a dit que, riches ou pauvres, jeunes ou vieux, humains ou animaux, aucun être en ce monde ne peut se maintenir durablement en un certain état, que tout éprouve le changement et l'aliénation. C'est un fait de la vie face auquel nous sommes désarmés. Mais le Bouddha a dit que ce que nous pouvons faire est de contempler le corps et l'esprit pour réaliser leur caractère impersonnel, pour comprendre qu'il n'existe ni de << MOI >> ni de << MIEN >> Ils n'ont qu'une réalité provisoire. Cela est comparable à ta maison. Elle ne t'appartient que nominalement: tu ne peux l'emmener nulle part. Il en va de même pour ta richesse, tes biens et ta famille - ils ne sont à toi que nominalement ; ils ne t'appartiennent pas vraiment, c'est à la nature qu'ils appartiennent. Maintenant cette Vérité ne s'applique pas qu'à toi; tout un chacun est dans la même situation, Même le Seigneur Bouddha et ses disciples éveillés. Ils étaient différents de nous seulement en ceci qu'ils acceptaient la manière dont sont les choses, qu'ils savaient qu'il ne pouvait en être autrement. Ainsi, le Bouddha nous a appris à ausculter et à examiner ce corps, de la plante des pieds jusqu'au sommet du crâne puis en redescendant jusqu'aux pieds. Regarde seulement le corps. Que vois-tu ? Y a-t'il là quoi que ce soit d'intrinsèquement pur ? Peux tu trouver quelque essence qui unisse tout cela ? Ce corps entier est en train de dégénérer sûrement, mais le Bouddha nous a appris qu'il ne nous appartenait pas. Il est naturel au corps de devenir ainsi, parce que tous les phénomènes conditionnés sont sujets au changement. Comment pourrait-il en être autrement ? De fait, il n'y a rien de mal dans la façon d'être du corps . Ce n'est pas le corps qui provoque tes souffrances, ce sont tes pensées incorrectes. Quand on voit mal les choses, il est normal que la confusion se produise. Cela peut se comparer à l'eau d'une rivière. Elle coule naturellement, suivant sa pente, jamais contre, car telle est sa nature. Si quelqu'un allait à la rivière, s'arrêtait sur la berge, contemplait l'eau suivant son cours et voulait stupidement que le flux remonte sa pente, celui là éprouverait de la souffrance. Quoi qu'il fasse, sa manière de penser erronée ne lui permettrait pas de trouver la paix de l'esprit. Il souffrirait de ses pensées fausses, pensant contre le courant. S'il voit les choses de façon juste, il constatera que l'eau ne peut que suivre la pente. tant qu'il n'aura pas réalisé et admis cela, il sera agité et mal à l'aise. La rivière qui doit suivre la pente est comme ton corps. Après avoir été jeune, il a vieilli et maintenant il approche de sa mort, ne continue pas à souhaiter qu'il en soit autrement, ce n'est pas quelque chose à quoi tu puisses remédier . PAGE N° 3 Le Bouddha nous a dit de voir les choses comme elles sont et de renoncer à notre dépendance à l'égard des choses Que ce sentiment de laisser faire soit ton refuge. Continue à méditer, même si tu te sens lasse ou épuisée. Que ton esprit se fixe sur le souffle. Prends quelques respirations profondes et fixe ton esprit sur le souffle en utilisant le MANTRA BUDDHO. Que cette pratique te devienne familière. Plus tu te sentiras fatiguée, plus ta concentration devra être subtile. et dirigée afin que tu puisses affronter les sensations douloureuses qui naissent. Quand tu commenceras à te sentir fatiguée, tu porteras toute ta pensée sur une pause. Tu laisseras l'esprit se rassembler et se tourner vers la connaissance de la respiration . Continue seulement la récitation intérieure << BUD-DHO, BUD-DHO >> détache toi de tout ce qui est extérieur. Ne commence pas à te raccrocher à des pensées relatives à tes enfants ou à tes parents. Ne t'attache pas à quoi que ce soit. Laisse aller. Laisse l'esprit se rassembler en un seul point et laisse cet esprit ainsi rassemblé se placer dans le souffle. Fais que le souffle soit un seul objet de connaissance. Concentre toi jusqu'à ce que l'esprit devienne de plus en plus subtil, jusqu'à ce que les sentiments deviennent insignifiants et que règnent une grande clarté intérieure et un état d'Eveil. Puis lorsque les sensations pénibles se présenteront, elles cesseront graduellement comme d'elles mêmes. Finalement tu regardera ton souffle comme un parent venu te rendre visite. Quand un parent s'en va, nous le suivons jusqu'à la porte et le regardons partir . Nous regardons jusqu'à ce qu'il soit hors de vue et, alors, nous rentrons. Nous observons le souffle de la même façon. Si le souffle est épais, nous savons qu'il est épais, s'il est subtil, nous savons qu'il est subtil. Comme il s'allège, nous continuons à le suivre tout en continuant à éveiller notre esprit. Finalement, le souffle disparaît et ce qui subsiste, c'est le sentiment de l'Eveil. Cela s'appelle rencontrer le Bouddha. Nous possédons cette claire conscience éveillée que l'on nomme << BUDDHO >> , celui qui sait, celui qui est éveillé, le lumineux. C'est le rencontrer et demeurer avec lui avec la connaissance et la clarté. C'est seulement le Bouddha historique de chair et d'os qui est entré dans le PARINIRVÂNA, le vrai Bouddha, le Bouddha clair, rayonnant, possédant la connaissance, celui-là, nous pouvons toujours le rencontrer aujourd'hui et quand il en est ainsi, le cœur est Un. Ainsi, laisse aller, lâche tout, sauf la connaissance. Ne te laisse pas abuser si des visions et des sons surgissent dans ton esprit pendant la méditation. Laisse-les retomber. Ne prends appui sur rien. Reste seulement dans cette vigilance sans dualité . Ne te soucie pas à propos du passé ou du futur, soi seulement calme et tu atteindras l'endroit où on avance pas, où on ne recule pas et où on ne s'arrête pas, où il n'y a pas de soi, pas de Moi ni de Mien. C'est fini. Le Bouddha nous a appris à nous vider ainsi de tout, à ne rien emporter avec nous. Savoir et, une fois que l'on sait, lâcher prise. En réalisant que le DHARMA, le chemin qui mène à la libération du cycle de la naissance et de la Mort, est un But que chacun doit atteindre seul. Continue donc a essayer de lâcher prise et de comprendre les enseignements. Mets réellement ton effort dans la contemplation. Ne te soucie pas à propos de ta famille, Pour le moment, ils sont comme ils sont, plus tard ils seront comme toi. Il n'y a personne au monde qui puisse échapper à ce destin. Le Bouddha, nous a enseigné à laisser retomber tout ce qui est dépourvu d'une réelle substance permanente. Si tu laisses tout retomber, tu verras la vérité, sinon tu n'y parviendras pas. Il en va ainsi pour chacun sur terre. Ne te soucie pas et ne t'agrippe à rien. Même si tu te surprends en train de penser, c'est dans l'ordre, tant que tu penses avec sagesse. N'aie pas de pensées folles. Si tu songes à tes enfants, pense à eux avec sagesse et non avec folie. Quelque soit l'objet vers lequel tu tourne ton esprit, pense et connais cette chose avec sagesse, en étant consciente de sa nature. Si u connais quelque chose avec sagesse, alors tu te laisse aller et il n'y a pas de souffrance. PAGE N° 4 L'Esprit est clair, joyeux et pacifié; se détournant des distractions, il n'est pas divisé. A ce moment précis, ce que tu peux chercher pour t'aider et te soutenir, c'est ton souffle. C'est ton travail, celui de personne d'autre. Laisse les autres accomplir le leur. Toi, tu as ton propre devoir et ta propre responsabilité et tu n'as pas à te charger de ceux qui ont échu à ta famille. Ne te charge de rien d'autre,laisse aller. Ce renoncement calmera ton Esprit. En ce moment même, ta seule responsabilité est de rassembler ton esprit et de l'amener à la paix. Laisse tout le reste aux autres. Les formes, les sons, les odeurs, les goûts, tout cela, laisse les aux autres s'en occuper. Laisse tout derrière toi et fais ton travail, fais face à ta responsabilité. Tout ce qui surgit dans ton esprit, que ce soit la peur de la douleur, la peur de la Mort, l'angoisse à propos des autres ou n'importe quoi d'autre, dis lui : << Ne me dérange pas. Désormais tu n'es plus mon affaire. >> Continue à te dire cela lorsque tu vois surgir ces DHARMA. A quoi nous renvoi le Mot DHARMA. Tout est DHARMA, il n'est rien qui ne soit DHARMA. Et qu'est-ce que le Monde ? Le monde est précisément ce qui t'agite en ce moment << Que fera un tel ? Et tel autre ? Quand je serai morte, qui s'occupera d'eux? Comment s'en tireront-ils ? >> C'est juste cela , le Monde. Même la simple apparition d'une pensée de peur de la mort ou une douleur, c'est cela le monde Jette ce monde ! le monde est comme il est. Si tu lui permets de faire irruption dans l'esprit et de dominer ta conscience, alors l'esprit s'obscurcit et ne peut s'observer lui-même. Donc, quel que soit l'objet qui apparaît à l'esprit, contente toi de dire: << Ceci n'est pas mon affaire. C'est impermanent, insatisfaisant et impersonnel. >> Penser que tu aimerais vivre longtemps te fera souffrir. Mais penser que tu aimerais mourir tout de suite ou très vite cela n'est pas bon non plus. C'est de la souffrance, n'est ce pas ? Les conditions ne nous appartiennent pas; elles suivent leurs propres lois naturelles. Il n'y a rien que tu puisses faire à propos de la façon d'être du corps. Tu peux l'embellir un peu, le faire paraître attirant, ou le nettoyer pour quelque temps, comme ces jeunes filles qui peignent leurs lèvres et laissent pousser leurs ongles, mais, quand vient la vieillesse, tout le monde est à la même enseigne. Voilà comment est le Corps, tu ne peux pas le rendre autrement. Mais ce que tu peux améliorer et embellir, c'est L'Esprit. N'importe qui peut construire une maison de bois et de briques, mais le Bouddha nous a appris que cette sorte de maison n'est pas notre vraie demeure. Elle ne nous appartient que nominalement . C'est une maison dans le monde et elle suit les lois du monde. Notre vraie demeure est la paix intérieure. Une maison matérielle peut être belle, mais elle n'apporte pas la paix. Il y a ce souci et cet autre, cette peur et cette autre. C'est pourquoi nous disons que ce n'est pas notre vraie demeure, elle nous est extérieure et, tôt ou tard, il faudra y renoncer. Ce n'est pas un endroit où nous pouvons demeurer en permanence, parce que c'est un endroit qui ne nous appartient pas vraiment; c'est une partie du monde. Il en va de même pour notre corps; nous croyons qu'il est un SOI , un MOI , un MIEN , mais en réalité il n'en est rien. Ce n'est qu'une demeure terrestre. Ton corps a suivi son parcours naturel, de la naissance jusqu'à aujourd'hui où il est vieux et malade. Tu ne peux pas lui interdire : c'est ainsi. Vouloir qu'il en soit autrement, c'est aussi stupide que de vouloir que le canard soit un poulet. Quand tu réalises que c'est impossible, qu'un canard doit être un canard, un poulet un poulet, et que le corps doivent vieillir et mourir, que le corps persévère et qu'il dure longtemps. PAGE N° 5 Le Bouddha a dit : << ANICCA VATA SANKHARA UPPADAVAYADHAMMINO UPAJJHITVA NIRUJJHANTI TESAM VUPASAMO SUKHO >> Le mot SANKHARA ( SAMSKÂRA ) nous renvoie au corps et à l'esprit, les SAMSKÂRAS sont impermanents et instables; étant apparus, ils disparaissent, étant nés, ils meurent et pourtant chacun voudrait qu'ils soient permanents. C'est un enfantillage. Surveille ton souffle. Étant venus, il repart, c'est la nature, il doit en être ainsi. L'inspiration et l'expiration doivent alterner, il doit y avoir changement. Les SAMSKÂRAS existent à travers le changement, tu ne peux pas l'empêcher; pense seulement : pourrais-tu inspirer sans expirer ? Est ce que ce serait agréable ? Ou pourrais-tu te contenter d'inspirer ? Nous voudrions que les choses soient permanentes, mais ce n'est pas possible. Quand le souffle est entré, il doit sortir, quand il est sorti, il doit revenir. C'est naturel, n'est ce pas ? Etant nés, nous devenons vieux et malades, et puis nous mourons. Tout cela est parfaitement naturel et normal. C'est parce que les SAMSKÂRAS ont fait leur travail, parce que les inspirations et les expirations se sont suivies ainsi, que la race humaine est toujours là. Dés que nous sommes nés, nous sommes morts. Notre naissance et notre Mort sont une seule chose. C'est comme un arbre: S'il y a une racine, il doit y avoir des branches; s'il y a des branches, il doit y avoir des racines. On ne peut pas avoir l'un sans l'autre. Lorsque les gens meurent, il est un peu étrange de voir combien nous sommes si accablés de chagrin et si préoccupé, si soucieux et si tristes, tandis que pour une naissance nous sommes si heureux et si contents. C'est une illusion : personne n'a jamais examiné cela clairement. Si tu crois qu'il faut vraiment pleurer, alors il vaudrait mieux le faire quand quelqu'un naît car, en fait, la naissance est la mort, la mort est la naissance, la racine est la branche, la branche est la racine. Si tu dois pleurer, pleure pour la racine et pour la naissance. Fais bien attention: s'il n'y avait pas de naissance, il n'y aurait pas de mort. Peux-tu comprendre cela ? N'aie pas de nombreuses pensées. Contente-toi de penser : << C'est ainsi >> C'est ton travail et ton devoir. En ce moment précis personne ne peux t'aider, ni ta famille ni tes biens. Seule peut t'aider la conscience correcte, aussi n'hésite pas. Laisse aller, abandonne tout cela. Même si tu te laisse pas aller, de toute façon tout commence à s'éloigner. Peux tu voir cela, sens-tu combien les différentes parties de ton corps essaient de s'échapper ? Prends tes cheveux. Quand tu étais jeune, ils étaient épais et noirs, maintenant ils tombent. Ils s'en vont. Autrefois tes yeux étaient bons et forts, et maintenant ils sont faibles et ta vue est floue. Quand les organes en ont assez, ils s'en vont, ce n'était pas leur demeure. Quand tu étais une enfant, tes dents étaient saines et solides; maintenant elles sont branlantes. Peut être en as tu de fausses ? Tes yeux, oreilles, nez, langue, tout essaie de s'en aller parce que ce n'est pas leur demeure . Tu ne peux pas établir une demeure permanente dans un SAMSKÂRA; tu peux juste t'y arrêter un peu et repartir. C'est comme un tenancier qui surveille sa petite maison avec des yeux fatigués . Ses dents ne sont plus aussi bonnes, ni ses oreilles ni son corps. Tout s'en va. PAGE N° 6 Ainsi, il ne faut pas te faire de souci à propos de quoi que ce soit, parce que ce n'est pas ta vraie demeure, ce n'est qu'un abri temporaire. Étant venue en ce monde, tu devrais observer sa nature. Tout ce qu'il y a se prépare à disparaître. Regarde ton corps. En reste t’il une seule chose qui ait gardé sa forme originelle ? Est ce que ta peau est toujours comme elle était ? Et tes cheveux ? Ce ne sont plus les mêmes, n'est-ce pas ? Où tout cela est-il allé ? C'est la nature, la façon dont sont les choses. Quand leur temps est venu, elles vont à leur façon. Ce monde ne contient rien sur quoi se reposer - C'est un cycle sans fin d'agitation et d'ennui, de plaisir et de douleur. Il n'y a pas de Paix. Quand nous n'avons pas de vraie demeure, nous sommes comme des voyageurs qui errent sans but sur la route, allant de ce côté un moment, puis par là, s'arrêtant quelques instant, puis repartant. Jusqu'à ce que nous retournions en notre vraie demeure, nous sommes mal à l'aise quoi que nous fassions, comme quelqu'un qui a quitté son village pour un voyage. Ce n'est pas que lorsqu'il rentre chez lui qu'il peut vraiment se détendre et se sentir bien. Nulle part dans le monde, on ne peut trouver de vraie paix. Les pauvres ne connaissent pas la paix, ni les riches. Les adultes ne connaissent pas la paix, ni les enfants. Les ignorants ne connaissent pas la paix, ni les savants. Nulle part il y a la paix. C'est la nature du monde. Ceux qui possèdent peu de choses souffrent comme ceux qui en ont beaucoup. Les enfants, les adultes, les vieux, chacun souffre. la souffrance d'être riche, la souffrance d'être pauvre- Tout n'est que souffrance Quand tu as contemplé les choses de cette façon, tu vois ANITYA, l'impermanence, et DUHKHA, l'insatisfaction. Pourquoi les choses sont elles éphémères et douloureuses ? C'est parce qu'elles sont ANÂTMAN : Il n'y a pas de Soi . Tout à la fois ton corps, qui est couché là, malade et douloureux, et ton esprit qui est conscient de cette douleur méritent d'être appelés DHARMAS. Ce qui est sans forme, les pensées, sentiments et perceptions, est appelé NAMADHARMA. Ce qui est porteur de douleur et de peine est appelé RUPADHARMA. Ce qui est matériel est DHARMA, et ce qui est immatériel est DHARMA. Ainsi, nous vivons avec des DHARMAS, dans des DHARMAS, nous sommes des DHARMAS. En vérité, on ne peut trouver nulle part un Soi, il n'y a que des DHARMAS qui surgissent continuellement et qui disparaissent continuellement, conformément à la nature. A chaque moment nous subissons la Naissance . C'est ainsi.